ACTUALITÉS
« Une Voix, Une Force » : quand les jeunes filles prennent le micro et changent la donne
17 septembre 2025
Dakar, Bamako, N’Djamena – Trois jeunes femmes. Trois pays. Un même feu sacré. Le 7 août dernier, la campagne Ensemble pour Elle a donné rendez-vous aux internautes sur la page Facebook du SWEDD pour un échange aussi rafraîchissant que percutant : « Une Voix, Une Force », un Facebook Live 100 % jeunesse animé par Mariamar Conon, jeune femme engagée et voix montante des mouvements féminins au Sahel, et UNV au sein du bureau UNFPA Bénin.
Au programme : 30 minutes de discussion sans filtre entre Epiphanie Diorang, poétesse et militante du Tchad, Kadidiatou Ba, du club des jeunes filles leaders de Kolda (Sénégal), et Zeinaba Maïga, activiste malienne. L’objectif ? Mettre en lumière les défis de l’autonomisation des filles, les stéréotypes tenaces, mais aussi — et surtout — les victoires arrachées avec courage, humour et solidarité.
Revivez l’échange ici : www.facebook.com/SWEDDAfrica

Quand la parole des filles bouscule les traditions
Dès les premiers échanges, le ton est donné. Epiphanie Diorang, présidente de la Ligue tchadienne des droits des femmes, résume sans détour les obstacles :
« Le plus grand défi au Tchad reste l’accès limité à l’éducation, aggravé par le mariage des enfants et les violences basées sur le genre. Trop souvent, une fille est considérée comme une future épouse plutôt qu’une élève ou une professionnelle. »
Pour elle, le militantisme est une évidence :
« Nous menons des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer, mais surtout nous créons des espaces d’écoute pour les survivantes, afin qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules et qu’elles ont une voix. »
Au Sénégal, des clubs de jeunes filles qui changent la donne
À Kolda, au sud du Sénégal, Kadidiatou Ba s’appuie sur l’expérience des clubs de jeunes filles pour transformer les mentalités.
« Aujourd’hui, le vrai défi n’est plus seulement la scolarisation, mais le maintien des filles à l’école. Beaucoup abandonnent à cause de la distance, du manque de toilettes adaptées ou du poids des mariages d'enfants. »
Face à ces freins, des initiatives locales ouvrent de nouvelles perspectives :
« Avec le pacte du New Deal, nous aidons les jeunes filles à ne pas contracter de grossesses précoces et à rester à l’école. Ces petits succès, comme voir des filles de Kolda représenter le Sénégal à l’international, nous motivent chaque jour à continuer. »
Au Mali, briser le silence autour de la santé et des droits
Du côté du Mali, Zeinaba Maïga insiste sur l’urgence d’informer et de protéger les jeunes filles :
« Le mariage d’enfants reste très élevé au Mali. Beaucoup de filles sont données en mariage avant 18 ans et contraintes d’assumer des responsabilités d’adulte. À cela s’ajoutent les grossesses précoces et un manque d’information fiable sur la santé sexuelle et reproductive. »
Militer, pour elle, c’est tenir malgré les incompréhensions :
« Oui, il y a des moments de découragement, mais je me rappelle toujours pourquoi j’ai commencé : pour que les filles de demain aient plus de choix et de liberté que nous aujourd’hui. »
Une génération qui refuse le statu quo
Tout au long de l’échange, la modératrice Mariamar Conon a rappelé le sens de la campagne Ensemble pour Elles :
« Nous avons lancé cette campagne pour ramener les droits des femmes et des filles au centre de nos préoccupations, de nos conversations et de nos politiques. »
Et elle conclut avec une note d’encouragement :
« Bravo pour ces sensibilisations, ces plaidoyers, ces espaces de soutien que vous donnez aux filles dans vos communautés. Vous changez la donne. »
Avec leurs mots simples, leurs anecdotes et leur énergie contagieuse, Epiphanie, Kadidiatou et Zeinaba démontrent que l’activisme n’attend pas les années d’expérience. Leur voix porte celle de milliers d’autres jeunes filles du Sahel qui, chaque jour, choisissent d’apprendre, de rêver et de se battre pour un avenir meilleur.
Et parce qu’elles vivent elles-mêmes ces réalités, elles sont les mieux placées pour dire à leurs communautés et à leurs leaders ce qu’elles veulent, avec les autres filles et jeunes femmes comme elles. C’est pour elles — et grâce à elles — que le SWEDD+ existe.
Avec cet événement, le SWEDD+ — financé par la Banque mondiale et mis en œuvre avec l’assistance technique de l’UNFPA — confirme son engagement à offrir une tribune régionale aux voix des jeunes filles, et à faire de la solidarité intergénérationnelle une force motrice pour transformer les normes sociales.
Revivez l’échange ici : www.facebook.com/SWEDDAfrica








